Les sorties théâtre de l'ENC

mardi 5 février 2008

L'Ecole des Femmes de Molière au Théâtre de l'O déon : sortie des 2des 1, 3 et 4

Jeudi 7 février à 20 heures :
Durée du spectacle: 2 h 40 (entracte de 10 minutes)

24 janvier › 29 mars 2OO8 Théâtre de l’Odéon / 6e

L’École des Femmes création

de MOLIÈRE

mise en scène JEAN-PIERRE VINCENT

Location

O1 44 85 4O 4O

Prix des places : 3O€ - 22€ - 12€ - 7.5€ (séries 1, 2, 3, 4)

Horaires

du mardi au samedi à 2Oh, le dimanche à 15h (relâche le lundi)

Représentations en audio-description destinées aux déficients visuels

dimanche 17 février à 15h et mardi 19 février à 2Oh

en collaboration avec l’association Accès Culture

Odéon-Théâtre de l’Europe

Théâtre de l’Odéon

Place de l’Odéon Paris 6e

Métro Odéon - RER Luxembourg

Service de Presse

Lydie Debièvre, Jeanne Absil

O1 44 85 4O 73

presse@theatre-odeon.fr

dossier également disponible sur www.theatre-odeon.fr

L’École des Femmes / 24 janvier › 29 mars 2OO8 1

photo : Macha Makeïeff

L’École des Femmes / 24 janvier › 29 mars 2OO8 2

L’École des Femmes création

de MOLIÈRE

mise en scène JEAN-PIERRE VINCENT

dramaturgie

scénographie

lumières

costumes

maquillage

Bernard Chartreux

Jean-Paul Chambas

Alain Poisson

Patrice Cauchetier

Suzanne Pisteur

Production : Studio Libre - Odéon-Théâtre de l’Europe

Tournée en France : janvier-février 2009

Arnolphe

Oronte

Chrysalde

Georgette

Le Notaire / Enrique

Alian

Agnès

Horace

Daniel Auteuil

Jean-Jacques Blanc

Bernard Bloch

Michèle Goddet

Pierre Gondard

Charlie Nelson

Lyn Thibault

Stéphane Varupenne

avec

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Arnolphe

[…]

Ah ! ah ! si jeune encor, vous jouez de ces tours !

Votre simplicité, qui semble sans pareille,

Demande si l'on fait des enfants par l'oreille ;

Et vous savez donner des rendez-vous la nuit,

Et pour suivre un galant vous évader sans bruit !

Tudieu ! comme avec lui votre langue cajole !

Il faut qu'on vous ait mise à quelque bonne école.

Qui diantre tout d'un coup vous en a tant appris ?

Vous ne craignez donc plus de trouver des esprits ?

Et ce galant, la nuit, vous a donc enhardie ?

Ah ! coquine, en venir à cette perfidie ?

Malgré tous mes bienfaits former un tel dessein !

Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein,

Et qui, dès qu'il se sent, par une humeur ingrate,

Cherche à faire du mal à celui qui le flatte !

Agnès

Pourquoi me criez-vous ?

Arnolphe

J'ai grand tort en effet !

Agnès

Je n'entends point de mal dans tout ce que j'ai fait.

Arnolphe

Suivre un galant n'est pas une action infâme ?

Agnès

C'est un homme qui dit qu'il me veut pour sa femme :

J'ai suivi vos leçons, et vous m'avez prêché

Qu'il se faut marier pour ôter le péché.

Arnolphe

Oui. Mais pour femme, moi, je prétendais vous prendre ;

Et je vous l'avais fait, me semble, assez entendre.

Agnès

Oui. Mais à vous parler franchement entre nous,

Il est plus pour cela selon mon goût que vous.

L'École des femmes, Acte V, scène 4, 1491-1515

Extrait

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Depuis 1977, tous les dix ans ou peu s'en faut, Jean-Pierre Vincent se fixe un rendez-vous

avec Molière. Après Le Misanthrope, après Les Fourberies de Scapin marquées par

l’interprétation de Daniel Auteuil (199O), dix ans après Tartuffe, le voici qui retrouve

Auteuil pour lui confier le rôle principal d'«une aurore de théâtre et d'humanité» qui est

la première attaque de grande portée lancée par Molière contre certains mécanismes de

pouvoir – d'ailleurs toujours actuels, et aussi actifs que jamais. Arnolphe veut en effet

croire qu'il peut manipuler à volonté la nature féminine en la formant à sa guise. Ou

plutôt en la déformant, puisque l' «éducation» qu'Arnolphe réserve à Agnès, n’étant qu’une

sorte d’élevage, est la négation même de l'éducation. À ses yeux, l'autorité absolue du

tuteur doit tenir toute la place où devrait s'inscrire l'autonomie et la liberté de sa

pupille. Coupée du monde, Agnès ne serait ainsi qu'une marionnette pour ventriloque.

Arnolphe devra admettre que la matière de l'humanité n'est pas qu'une sorte de pâte à

modeler passive. Et le vieux tyran apprendra aussi à ses dépens que si l’on veut chasser le

monde par la porte, il rentrera par la fenêtre. À moins, tout simplement, qu’il ne soit déjà

dans la place...

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À propos de L’École des femmes, on peut aligner beaucoup d’analyses et de

lectures, savantes, philologiques, historiques, polémiques et politiques. Et nous l’avons

fait, bien sûr. Et puis nous voici en répétitions, et la pièce déroule tout cela devant

nous comme un tapis, avec une simplicité proprement effarante. «Un trésor est caché

dedans» : c’est de l’intérieur du texte (et des actions qu’il suppose) que surgissent tour

à tour et s’enchevêtrent les éléments imprévisibles du sens : tour à tour, débats de fous,

prises de parti, récits, monologues ou soliloques, quiproquos, méprises comiques ou

tragiques…

Mais ce qui est et reste au centre, c’est RIRE. Oui, rire, simplement, appuyés sur

la fable géniale de Molière.

Rire est une arme. Rire, ici, est en soi politique.

Aujourd’hui, le théâtre (je veux dire : le théâtre d’Art, notre théâtre) s’est laissé

voler le rire, qui est parti du côté des « one man/woman shows », et de la télévision. La

pente de l’époque va au tragique, comme si le théâtre se sentait pétrifié dans l’unique

vocation de concurrencer le réel sur son propre terrain. « Le monde est un chaos » est

un slogan qu’on entend beaucoup au théâtre. La redondance guette, et frappe bien des

spectacles. Revenir au rire relève alors de l’opération santé. On ne rit que de ce que l’on

comprend. On peut trembler de ce qu’on ne comprend pas. Le rire est intelligence.

Ce voyage du côté du Rire, nous l’avons déjà fait bien des fois. Nous avons aussi

exploré d’autres chemins. Mais quand une occasion telle que celle-ci se présente, nous

essayons de ne pas la louper.

Au fond, toute ma première culture, celle de l’adolescence, est passée par là, toute

l’histoire du rire en ce XXe siècle. Les «muets» (Keaton, Chaplin, Langdon) et leurs

frères parlants (Laurel & Hardy, W.C. Fields, Marx Brothers), les de Funès et les Devos, et

tous ceux que j’oublie et qui m’ont formé, ils nous auront tous, à un moment ou à un autre,

rendu visite en répétitions. Compagnons, fils et frères du jeune maître Poquelin qui, dans

cette «École», lâche vraiment pour la première fois la bride à son génie comique, son rire

absolu, libérateur.

Jean-Pierre Vincent, décembre 2OO7